top of page

La Larme du pèlerin

​

Prologue 

​

Au bout du grand chemin d’étoiles, que retrouve le pèlerin ? Il a porté une indépassable charge de rêve qui l’a guidé de façon infaillible sur de trop longs itinéraires de bord de mer. Le jour baisse ; bientôt la lune éclairera la nuit comme elle gouverne, indifférente, patiente et inexorable la marée qui couvre et découvre l’herbe rase et les délaissés autour du Mont. La rencontre aura lieu, après la pluie harassante, autour de la pomme qui brûle le cœur sans le consumer. C’est l’heure de dénouer les entraves pour mieux se lover dans l’ample manteau. Les mèches  qui se tordent sont des liens de soie et de tendresse comme les attachements de l’enfance : ils font  émerger les souvenirs et renaître à une vie où les larmes, jadis de fatigue et de nostalgie deviennent des pierres précieuses.

Arnoul C.

Pèlerinage dans le sud ouest

Au Moyen Age, les chemins de Saint-Jacques menaient les pèlerins jusqu`à Compostelle. Le voyageur quittant la Normandie passait par le Mont Saint-Michel, après avoir fait étape au village de La Gautraie. Là, il s’arrêtait sous le pommier de Laure pour y déposer une larme, avant de reprendre la route.

 

Laure était bergère dans la baie du Mont. Au printemps, un pèlerin du nom de Gilles s’arrêta à La Gautraie. Il était vendeur ambulant d’images et de rubans. Il donna à Laure son plus beau ruban de soie, un ruban rouge vermillon qui mettait en valeur les lèvres pleines et fraîches qu’il avait déjà embrassées deux fois.

 

Par un bel après-midi d’été, Gilles embrassa Laure une troisième fois et parti vers Saint-Jacques, promettant de revenir à l’hiver avec un nouveau ruban qui scellerait leurs fiançailles.

 

Cette année, au retour du pèlerinage, le mascaret le prit, à la hauteur de la pointe du Grouin. On ne retrouva de lui qu’un ruban vermillon brodé du nom de Laure.

 

Laure attacha le ruban rouge à la branche d’un pommier. Arrivée à la pointe du Grouin, elle pleura pour son pèlerin. La légende veut qu’un mascaret exceptionnel surgit et l’emporta.

 

Depuis ce jour, les pèlerins en route pour Compostelle qui passent par La Gautraie s’arrêtent auprès du pommier de Laure. Ils y attachent des flacons remplis d’une larme, et tous les flacons brillent au soleil en souvenir des amoureux. On dit aussi que lorsque le mascaret monte par une nuit de lune, on peut voir deux silhouettes s’enlacer à l’extrémité de la pointe du Grouin.

Amina L

 

Calvados 8 ans d'age produit en Sud Manche. Affiné et embouteillé à Saint-James dans le Chais de Single Apple.

Single Cask (Brandy Cask) 

​

.

Chapitre 1

chapitre 2

Pèlerinage aux états-unis 

Dans le jardin d’Eden pousse un fruit défendu

Sa peau lisse, gourmande, et parfumé son jus

L’homme n’y tenant plus y a gaiement mordu

Gagnant la connaissance, du paradis exclu

 

Dans un jardin anglais pousse un pommier chenu

Newton s’y repose et regarde les nues.

Le fruit tombe et voilà dévoilés, mis à nu,

Les secrets des cieux, Jupiter et Venus

 

Dans un jardin normand les fruits sont ramassés

Les tonneaux sont remplis, le temps peut s’écouler

La science du jus enfin a triomphé

L’homme est avec la pomme enfin réconcilié

​

Amina L

 

Calvados 10 ans d'age produit en Sud Manche. Affiné et embouteillé à Saint-James dans le Chais de Single Apple.

​

Single Cask (Bourbon Cask)

​

chapitre 3

Pèlerinage dans les highlands 

La rivière n’est en réalité guère plus qu’un ruisseau lorsqu’elle traverse le hameau. Mais tres vite elle s’élargit suffisamment pour que des barges à fond plat puissent pousser jusque dans la petite ville, quelques kilomètres en aval. C’est de là que sont chargés les tonneaux de whisky qui seront ensuite vendus à Glasgow, Édimbourg et même, les bonnes années, jusqu’à Londres. L’alcool n’a jamais encore traversé la Manche—la production est trop faible, et les amateurs locaux suffisamment nombreux.

 

La vie du hameau près de la rivière était rythmée par l’activité de l’officine du bénédictin Ulf McDappel. Il était venu en pèlerinage il y a vingt ans de cela pour reconstruire l’ancienne chapelle et son cloitre. Il avait ensuite converti une partie du bâtiment en officine et y avait élu domicile. A la fois prêtre et guérisseur, Ulf distillait un whisky puissant, apprécié dans la région pour son parfum inhabituel, mêlé de tourbe, de fruit et de miel. Mais surtout, Ulf faisait importer dans le secret une fameuse eau de vie de pomme de Normandie, découverte pendant son pèlerinage. Avec elle, il produisait des assemblages uniques. La grande pureté de l’eau de la rivière, claire et fraîche, y ajoutait un goût légèrement minéral caractéristique de la région. A cette époque on aimait les contes, et il se disait que Ulf était un peu sorcier, et qu’il avait appris des fées des formules magiques qui donnaient à son produit ce gout exceptionnel.

 

Ulf ne faisait rien pour dissiper sa réputation de sorcier. Il faut dire qu’il ne se déplaçait jamais sans son lynx. L’animal avait une robe beige tellement brillante qu’elle paraissait presque dorée. Il suivait son maître partout. Au début, on en avait eu peur. Mais les enfants avaient été attirés par l’aspect à la fois souple et pataud de l’animal, qui s’était révélé bien plus sociable que son maître. Il se laissait caresser et étreindre, il se roulait dans l’herbe, ne montrait jamais ni les dents ni les griffes. Sauf une fois. Quand un ouvrier saoul avait cherché querelle à Ulf un samedi soir au pub ; on ne se rappelait plus ce qui avait déclenché l’incident. L’homme avait sorti un couteau et s’était approché de l’ancien pèlerin. Il n’avait pas vu le lynx allongé sur la chaise près de la fenêtre. Soudain ses yeux avaient été aveuglés par les griffes acérées de l’animal. Il avait dessoûlé immédiatement ; et depuis il n’avait plus bu une seule goutte. Dans le hameau la réputation de sorcier de Ulf s’était renforcée.  

 

L’histoire de l’animal s’était lentement diffusée en dehors du hameau, jusqu’à la ville en aval. Un jour, un chasseur de passage l’avait entendue, peut être sur une des barges qui remontait la rivière pour charger de nouveaux tonneaux de whisky. A l’affut d’un nouveau trophée, il partit en quête de l’animal. Il ne lui fallut que quelques jours pour confirmer son existence, et pour savoir où le trouver. Cela se passa le soir sur le chemin de l’officine, le jour de l’équinoxe d’automne. L’homme était mauvais tireur. La première balle atteignit Ulf à la poitrine. Le fusil ne tira plus. On retrouva le corps du chasseur lacéré près de son arme. Le visage de Ulf était mouillé. Certains disent que la pluie était tombée pendant la nuit, mais comme le corps du chasseur était resté sec, cela paru difficile à croire. Il est plus probable que, en disant adieu à son maître, le lynx ait pleuré.

 

On ne revit plus jamais le lynx. Le whisky distillé le jour de la mort de Ulf se révéla exceptionnel. Depuis, tous les whisky distillés le jour de l’équinoxe d’automne portent le nom de la larme du lynx.

​

Amina L

 

Eau de vie de pommes produite, affinée et embouteillée à Saint-James dans le Chais de Single Apple.

​

Single Cask (Whisky Cask)

​

chapitre 4

Pèlerinage EN ANDALOUSIE 

image seule 13bis.jpg

Il y a longtemps, très longtemps, quand le Mont Saint-Michel n’était encore qu’un îlot désertique battu par les vents et hanté, à la nuit tombée, par les étranges silhouettes des pélicans et des albatros qui en avaient fait leur port d’attache, un dragon arriva dans le village de La Gautraie.

 

C’était un dragon formidable. Ses lourdes écailles vertes, sa crête orange, et ses ailes transparentes comme celles des libellules imposèrent d’emblée le respect. Le feu violent qui s’échappait de sa gueule à chaque expiration lui valut sans tarder la réputation de monstre redoutable. Les villageois, manquant d’imagination, furent terrorisés et voulurent que le monstre aille souffler sa fournaise ailleurs.

 

On consulta les oracles, les druides et les entrailles de poulet, et, sans surprise, il apparut que seul le sacrifice d’une vierge permettrait d’apaiser la bête. On espérait qu’une fois son tribut reçu, le dragon, satisfait, s’envolerait lourdement vers d’autres cieux, de préférence lointains.

 

C’est ainsi que par une froide matinée de novembre, une jeune fille s’avançait le coeur gros vers la tanière du monstre. Elle avait ramassé dans le chemin creux une pomme, une des dernières de la saison, peut être comme un talisman dérisoire pour la protéger du sort immanquablement funeste qui l’attendait.

 

Le lendemain, le monstre était parti.

 

On ne revit jamais le dragon, ni la jeune fille. Les bonnes femmes du village racontèrent que la bête avait dévoré l'enfant et, repue, elle s’était envolée pour semer la terreur ailleurs, loin de La Gautraie. Elles avertirent leur progéniture que le moindre écart de langage ou de comportement ramènerait le monstre et exigerait de nouveaux sacrifices humains. Les garnements firent montre de retenue, et le calme régna de nouveau dans le village.

 

Mais un pèlerin qui passait à proximité de la tanière du dragon le jour du sacrifice raconta une toute autre histoire.

​

Une larme perla dans les yeux du monstre lorsque la jeune fille lui tendit la pomme en offrande. L’enfant enlaça le dragon avant de monter sur son dos et de s’envoler avec lui. A la nuit tombée, le pèlerin jura que c’était leur silhouette qui se détachait sur l’îlot du Mont Saint Michel, parmi celle des pélicans et des albatros.

​

Amina L

 

Calvados 12 ans d'age, affiné et embouteillée à Saint-James dans le Chais de Single Apple.

​

Single Cask (Oloroso Cask, Pedro Ximenes Cask)

​

extrait.jpg

En Normandie l'hiver, la nuit qui tombe n'est pas douce sur les routes de solitude. Qui, de la Lune et des étoiles, est le guide le plus sûr pour celui qui marche au creux des chemins ? A un détour d'une allée, proche de l'étape, l'arbre fabuleux attend ; il dispense ses merveilles au pèlerin en quête de saveurs nouvelles, des fruits forts et savoureux comme des lèvres fraîches. Le froid aiguisé provoque les larmes ; mais l'homme pressent qu'elles ne sont que le prélude à une goutte subtile et ardente qu'une distillation patiente a épurée. Il pourra alors poser son sac, échanger un sourire, passer de longues heures à écouter ce que dit la nuit, et à rêver.

​

Arnoul C.

​

Calvados 10 ans d'age, produit avec 50% de pommes et 50% de poires, vieilli en ancien fut de Calvados puis affiné consécutivement en ancien fut de Cognac et de Bourbon

​

Single Cask 

​

​

chapitre 5

Pèlerinage par trois chemins 

bottom of page